Rencontrer Diara Ndiaye c’est comme regarder un doux rayon de lumière. Sa délicatesse vous apaise et sa vivacité vous stimule. Un matin de novembre, je suis partie à la rencontre de la jeune mère pour un entretien à cœur ouvert. La journaliste de 33 ans nous partage avec authenticité sa vision de l’information et de son impact à notre époque ainsi que son engagement pour l’éducation des jeunes filles.
Votre visage et votre voix font partie du quotidien de nombreuses personnes aux quatre coins du monde. Quel a été votre parcours ?
Je suis née et j’ai grandi en Ile de France, dans le 77, au milieu d’une fratrie de six enfants dont je suis la troisième. Franco-sénégalaise, je me suis épanouie dans cette dualité culturelle ; mon enfance a été agréablement marquée par les étés passés à Dakar. Une fois mon bac en poche, je m’oriente vers des études en communication qui ont révélé ma passion pour la communication politique. En 2012, je décide de faire mon stage à la rédaction de la RTS, la radiotélévision nationale sénégalaise. Une expérience enrichissante qui a éveillé mon intérêt pour le métier de journaliste. Comme un écho à mon désir, une nouvelle opportunité donnera un élan à ma carrière. La rédaction d’Africa 24, la chaîne panafricaine d’informations, m’ouvre ses portes. C’est durant ces cinq années passées aux côtés d’une équipe formidable qu’il m’est proposé de présenter le Journal Télévisé. Depuis, l’écran ne m’a plus lâchée! J’ai eu l’immense honneur de présenter l’émission Réussite sur canal plus Afrique avec le grand Robert Brazza puis le Journal Télévisé de France 3 Normandie. Et depuis 2018, je découvre la radio avec l’émission Alors on dit quoi ? sur RFI.
Comment ces opportunités s’offrent-elles à vous ? D’abord le travail sans relâche. Par ailleurs, je pense qu’il y a de nombreuses Diara Ndiaye partout ! La jeune génération bouillonne de talents ! Me concernant, mon parcours est le fruit d’années de travail acharné et minutieux. Je discute beaucoup avec les gens sur la pertinence des sujets à aborder. Les chaines internationales ont un impact important, chaque mot est scruté, quelques fois même intégré dans les procès. Je me dois d’être très rigoureuse dans la préparation de mes sujets.
Vous avez construit cette belle carrière en parallèle d’une riche vie de famille. Qu’est-ce que la maternité vous a apportée et quel est votre rêve pour eux ?
Nous les femmes, nous sommes tout en même temps ! Femme, sœur, cousine, mère… Combiner ma vie professionnelle intense et ma vie de famille n’est pas toujours facile mais avec de l’organisation, de la volonté et de la détermination, j’y arrive. Mes enfants sont un moteur. Pour eux, je rêve d’un monde plus empathique, où on est plus proche les uns des autres. Cela peut sembler utopique aujourd’hui ! D’autant plus qu’avec cette digitalisation on a l’impression d’être proche des gens. La réalité est qu’on est seul derrière son ordinateur. Je rêve également d’un monde plus intelligible, parce que finalement les gens parlent à tout va, on ne comprend plus rien. Et surtout, je rêve d’un monde avec plus d’amour.
Comment est-ce que vous y contribuez ? En tant que journaliste, le choix de mes émissions est guidé par ma vision du monde. Il m’est essentiel de valoriser l’autre, de l’écouter, d’essayer de répandre des choses positives. C’est un acte de solidarité. Je ne regarde pas le nombre de followers de mes invités : si tu as une initiative pertinente à partager, tu as ta place sur mon plateau ! Dans mon émission Alors on dit quoi sur RFI, je donne la voix aux jeunesse africaines. Chaque semaine je montre des initiatives sur le terrain, des expériences concrètes. Je ne cherche pas le buzz. Cela ne veut pas dire que je ne traite pas les sujets difficiles, mais je privilégie l’angle qui permettra d’entrevoir la lumière.
Femme de talent aux multiples casquettes, vous êtes investie dans une lumineuse aventure entrepreneuriale. Dites nous-en plus.
Il y a deux ans, en plein confinement, j’ai lancé ma marque de bougies parfumées : AImeD-Paris car mon nom complet c’est Mame Diara Ndiaye. Il y a également un jeu de mots avec M comme Aime et l’Amour avec un grand A dont on parlait il y a quelques instants. J’ai créé trois premières fragrances qui ont reçu un bel accueil. Ce projet illustre ma passion pour les intérieurs. La bougie apaise, après une journée difficile, elle permet également de prolonger une belle journée dans la douceur de son chez soi.
Parlons de votre engagement. Diara, vous avez co-fondé l’association « L’abcd pour tous » qui œuvre en faveur de l’éducation des enfants notamment celle des jeunes filles au Sénégal. Depuis 2014, L’association a pour vocation d’assurer, soutenir et développer la scolarité des enfants au Sénégal, en quoi cet engagement est important pour vous?
Une motivation justifiée par le fait que l’éducation, en particulier l’enseignement primaire gratuit pour tous, est un droit fondamental que les gouvernements se sont engagés à respecter aux termes de la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989. Nous menons en ce sens des campagnes de sensibilisation auprès des enfants eux-mêmes, des familles, des enseignants, des chefs religieux, sur l’importance de l’éducation et en particulier de celle des filles. En faisant adhérer à nos valeurs tous les acteurs locaux, nous multiplions nos chances d’atteindre les objectifs fixés : faire progresser les taux d’inscription et améliorer les conditions de travail des enfants qui les mèneront à la réussite.
Je suis fortement engagée dans le domaine humanitaire. Je tiens vraiment à expliquer pourquoi j’ai fait le choix d’ouvrir une association consacrée à l’éducation. D’abord, j’ai choisi l’éducation car pour moi c’est une arme inébranlable pour chaque individu. Les filles et les garçons qui apprennent à lire, écrire et compter transmettront un avenir meilleur à leurs familles et à leurs pays. Quand l’éducation est améliorée, de nombreux autres domaines sont positivement affectés. En bref, l’éducation a le pouvoir de rendre le monde meilleur. Dans la plupart des pays en développement, beaucoup moins de filles vont à l’école que les garçons. Dans le monde, une femme sur trois ne sait ni lire, ni écrire. Les chiffres sont de un sur cinq chez les hommes. Pourquoi cette différence ? Dès leur plus jeune âge, les filles assument une part importante des responsabilités de la maison. Dans de nombreux cas, la fille quittera sa famille pour se marier. Par conséquent, s’ils sont pauvres, les parents ne voudront pas dépenser pour sa scolarisation à leurs yeux inutile. C’est ce qui explique que, dès l’école primaire, on remarque au Sénégal, une grande différence entre filles et garçons dans la fréquentation scolaire; J’ajoute aussi que l’éducation a même un impact dans l’économie. Je l’ai même expliqué dans ma toute première chronique REUSSITE diffusée sur CANAL + Afrique. Je vous invite à la consulter sur Youtube. J’y explique que l’éducation c’est bon pour l’économie. Elle réduit la pauvreté, stimule la croissance économique, augmente les revenus, et bien d’autres choses encore. Etant originaire du Sénégal, qui n’est pas épargné par les problèmes en matière d’éducation, j’ai eu envie de m’impliquer à mon niveau dans ce domaine.
Chaque année l’association organise une opération cartable et cette année nous nous sommes rendues à Saint-Louis pour soutenir les élèves de l’école Boly Diaw. Après avoir récolté des dons auprès de nos amis et notre famille. Nous achetons le kit scolaire complet pour chaque élève, nous maintenons un contact permanent avec l’école sénégalaise et une autre française afin de créer un lien culturel.
Nous invitons d’ailleurs vos lecteurs à faire un don et à visiter notre site pour suivre notre actualité. Pour les dons en nature, ils peuvent contacter votre rédaction.
Toutes vos réalisations suscitent l’inspiration ! Et vous, quelle (s) femme (s) vous inspire (nt) ?
Ma mère. J’ai d’ailleurs baptisé une bougie en son honneur : 1964, l’année de sa naissance. Elle brille par sa gentillesse, sa générosité, son humour, son intelligence, son humilité, sa patience, son amour débordant. Quand les gens venaient nous voir, ils étaient unanimes : ta mère c’est ma mère maintenant ! Au-delà de ses six enfants qu’elle a élevés, tous les enfants sont accueillis chez elle comme les siens. Elle ne fait aucune différence car pour elle, tout enfant est une richesse. Elle a éduqué six enfants qui ont eu chacun un parcours brillant. Elle nous a transmis sa force de caractère. Vraiment, elle a fait un excellent boulot. Son secret ? Elle donne beaucoup. Donc elle reçoit bien plus. Ma mère est mon pilier, mon modèle.
Cette conversation a eu lieu il y un an déjà. Pourtant, les mots de Diara Ndiaye ne pouvaient pas mieux résonner qu’en cette période. J’espère que vous y trouverez l’envie et la volonté de raviver l’étincelle scintillant en vous. Si vous pensez qu’elle est éteinte, détrompez-vous ! Elle a juste besoin d’un petit souffle pour briller de nouveau. Entourez-vous des bonnes personnes ! Quelques fois, il suffit d’une conversation autour d’une douceur pour se remettre en route…Cela a été le cas pour moi !