De nombreuses filles hésitent encore à se lancer dans certaines carrières car elles appréhendent la conciliation de leurs choix et de leur désir de maternité. Renonçant ainsi  à un rêve et privant le monde de leur talent. Tatiana Brillant s’exprime très rarement sur sa vie de famille, par principe de précaution. Aujourd’hui, elle nous fait le cadeau précieux de son témoignage pour montrer que c’est possible. A travers ce récit, elle partage également les clés qui lui ont permis de s’épanouir au point de marquer l’histoire de sa profession tout en étant une mère totalement investie dans l’éducation de ses enfants.

Comment avez-vous réussi à concilier votre vie de mère en exerçant un métier à risque ? Au niveau du mental et d’un point de vue plus pratique en terme d’organisation.

Mentalement, le plus difficile était d’accepter de partir et de les laisser. Surtout la nuit. Pour vous dire, je ne suis jamais partie en mission sans prendre le soin de les embrasser au préalable. Me disant toujours : « embrasse tes enfants avant de partir, peu importe l’heure ».

J’ai arrêté de culpabiliser lorsque j’ai compris que l’un n’allait pas sans l’autre et que cela participait à mon équilibre. Pour cela, il m’a également fallu mettre de côté ceux qui me rappelaient que j’avais des enfants…. comme si je pouvais l’oublier… Heureusement, aucun de mes proches ne me faisait ce genre de réflexions. Mon conjoint, ma mère, ma sœur, mes amies, ma belle-famille ont été mes appuis opérationnels pour prendre le relai. Sachant qui pouvait récupérer mes enfants de jour comme de nuit au premier coup de sifflet, m’assurait une paix imperturbable. Sans eux, il ne m’aurait pas été possible d’exercer ce métier pendant toutes ces années. J’ai pu être sereine sur chacune de mes interventions car je savais que mes enfants étaient pris en charge. Grâce à eux, j’ai pu m’épanouir dans mon travail et faire ce job merveilleux. Ma reconnaissance leur est infinie.

Quelles capacités développées à travers votre métier vous aident également dans votre quotidien de mère ?

La patience et l’écoute. Très à l’écoute de mes enfants y compris dans ce qu’ils ne disent pas, j’essaie toujours de comprendre leur besoin, surtout quand il n’est pas  exprimé. Évitant de les orienter, je les laisse plutôt s’exprimer dans toutes leurs émotions. Les accompagner, sans les diriger.

Lorsque je me sens débordée, il est important qu’elles sachent que c’est moi qui ne suis pas disponible. Et quand je suis fâchée ou mécontente, je m’attache à leur montrer quel comportement ou attitude me met en colère, sans jamais les pointer en tant que personne.

Je ne fais pas de négociation avec mes enfants. Mais il est vrai que j’utilise néanmoins beaucoup les « messages je » ou la reformulation.

La vie de maman nous confronte au quotidien à des situations où on est amené à négocier ! Des astuces à partager ?

Celles dites précédemment. N’attaquez jamais l’image d’une personne. Préférez dire à votre enfant que vous êtes fatiguée et que vous n’êtes pas disponible pour lui, qu’il vous laisse du temps et que vous viendrez le voir plus tard plutôt que de lui dire qu’il est fatigant. Bien sur cela nous échappe à toutes et ce n’est pas grave en soi, l’idée c’est de ne pas répéter inlassablement qu’un enfant est fatiguant ou énervant, sinon il peut se construire sur cette image.

De la même façon que je ne les rends pas responsable d’une dispute ou d’un désaccord dont ils font l’objet. Je préfère dire que je me suis disputée à leur propos qu’à cause d’eux et leur explique que c’est moi qui n’ai pas la capacité de gérer le conflit qui est en cours, mais qu’ils n’en sont pas responsables. Cela ne veut pas pour autant dire que je les dédouane de quoi que ce soit, mais je ne les rends pas responsables d’une situation que j’ai du mal à gérer comme un agacement ou un désaccord.

Ensuite, comme en négo, je pose toujours le cadre de nos accords et je ne reviens jamais sur une promesse. C’est la base même de la relation de confiance. Je leur dis avec mes mots ce qu’ils sont en capacité de comprendre, mais je ne suis pas dans le non-dit car les enfants savent très bien lorsque quelque chose ne va pas. Alors pour éviter tous fantasmes de leur part, je leur dis les choses, avec mes mots pour les apaiser.

Je ne trahis jamais leurs émotions, et ne leur dis pas qu’ils se trompent en ressentant ce qu’ils ressentent, car cela leur appartient. Je leur explique ce que je perçois de mon côté en les observant , ou leur explique mon propre ressenti. Cela permet souvent de remettre les choses dans leur contexte, au bon endroit.

Je reste ferme sur le non-négociable que j’ai défini. Les règles doivent êtres claires. Ensuite, une fois le cadre posé, on peut agir à l’intérieur et trouver des solutions alternatives afin de ne pas tout bloquer. Je leur apprends à s’engager, et pourquoi il est important de respecter son engagement.

Et puis parfois, ce n’est pas de la négociation, je suis maman et donc naturellement il m’arrive de céder à mes enfants car c’est viscéral. Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants et cela change beaucoup de choses 😉

La règle c’est de ne pas se perdre en chemin ni de se fourvoyer. Le reste ne vient pas de mon métier, mais de mon éducation. Je reproduis ce que j’ai retenu des leçons de mes parents avec lesquelles je suis en phase et au cœur desquelles je tente de placer les notions de confiance.

Qu’est-ce que vous aimeriez voir changer dans le monde pour le bien-être de vos enfants ?

J’aimerais que l’on arrête de pointer du doigt l’échec comme une chose horrible. J’aimerais qu’ils puissent se dire « je me suis trompé, et alors ? » j’aimerais qu’ils puissent comprendre que l’on apprend aussi de nos erreurs et de nos échecs sans que cela remette en cause qui ils sont.

J’aimerais qu’ils apprennent à ne rien s’interdire et qu’on arrête de dire ou de penser qu’il ne faut pas rêver.

Rêver, cela donne de l’espoir, de l’énergie et cela donne de la projection et de la motivation pour atteindre son objectif. Rêver c’est gratuit et cela fait sourire. 

Quelle est votre contribution à ce changement ?

A mon petit niveau, je participe lorsque j’en ai l’occasion, à déconstruire certaines idées reçues. Aussi, parce qu’à titre personnel parfois, je suis le contre-exemple.

J’accompagne les hommes et les organisations sur des notions de postures parce que souvent cela part de là. Je les accompagne par l’écoute, le questionnement, de la formation, je les aide à prendre de la hauteur, à se réapproprier qui ils sont pour qu’ils se servent de leurs propres ressources, je réintroduis du choix lorsqu’ils se sentent bloqué dans une situation.

Et surtout, je place la bienveillance au cœur de mes relations, peu importe mon interlocuteur.

Un grand merci à Tatiana Brillant dont la bienveillance et la générosité nous ont permis de recueillir un témoignage d’une valeur inestimable pour les femmes et les hommes d’aujourd’hui… et de demain.

 

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